Journée Nationale du Souvenir des Victimes et Héros de la Déportation
A Nogent-le-Rotrou, trois jeunes, Hannah, Elyette et Lilas ont lu un acte de foi qui montre l’engagement de la jeunesse dans cette transmission.
Hannah a lu le message officiel des déportés
En ce dernier dimanche d'avril, la Nation rend hommage aux victimes et aux héros de la Déportation que la barbarie nazie, avec la complicité du régime de Vichy, a jeté par dizaines de milliers dans l'enfer des camps de concentration et d'extermination en raison de leur résistance à l'occupant, de l'arbitraire des rafles de répression, de leur appartenance ethnique, de leur confession ou de leur choix politique.
Cet hommage puise sa force dans l'évocation des valeurs portées par les derniers rescapés des camps et par leurs camarades disparus : le respect des droits humains, la dignité et la liberté, la tolérance, l'égalité et la fraternité. Ils ont, pour beaucoup d'entre eux, payé de leur vie leur attachement à la France.
Les survivants se sont résolument engagés dans la construction d'une Europe unie et pacifique, gage de solidarité entre les peuples.
Le destin tragique des Déportés doit interpeller la conscience et la raison de toutes les générations car le combat n'est pas terminé. En effet, se précisent, sous nos yeux, les menaces de plus en plus préoccupantes des totalitarismes de toute nature, du fanatisme religieux, du nationalisme et de la xénophobie, du racisme et de l'antisémitisme, de la remise en cause de plus en plus systématique des principes de la démocratie.
L'actualité nous le rappelle cruellement: les forces destructrices des dictatures s'attaquent à la souveraineté et à la liberté des peuples dans le monde. Sur notre continent, le martyre actuel du peuple ukrainien, dont le patriotisme et la résistance héroïque à l'agresseur forcent le respect, doit nous inciter à faire preuve d'une vigilance accrue. Tous les efforts doivent tendre à l'instauration d'une paix juste et durable pour tous les peuples comme l'avaient espéré les déportés à leur libération.
Les hommes et les femmes qui, dans les camps de la mort, ont fait de la dignité et de la solidarité un combat quotidien pour survivre à un système organisé de négation de la personne humaine, nous montrent, par leur exemple, la voie à suivre, celle de la résistance et du combat permanent pour la Liberté.
Lilas et Elyette ont lu le message d’Esther Senot
Nous avons eu la chance de rencontrer en mars dernier Esther Senot. Née Dizk en 1928 à Kozienice (Pologne).
Esther a un an lorsque ses parents immigrent en France. Ils sont arrêtés avec son frère lors de la rafle du Vel d’Hiv. Se retrouvant seule à Paris à l’âge de 14 ans, Esther est arrêtée en juillet 1943 et déportée à Auschwitz en septembre de la même année par le convoi 59. Lors de l’évacuation du camp, elle est transférée à Bergen-Belsen, puis à Mauthausen.
« Promets-moi de dire au monde ce que des hommes ont été capables de faire à d’autres». Telle a été l’espérance formulée par Fanny quelques heures avant son assassinat dans les chambres à gaz d’Auschwitz-Birkenau.
Aujourd’hui, sa jeune sœur Esther tient sa promesse et témoigne inlassablement à 95 ans. Elle nous a transmis ce message.
« Aujourd’hui, je voudrais lancer un appel solennel en faveur de la paix. Les guerres actuelles ne se déclenchent pas seulement pour des raisons politiques, mais si on se réfère aux conflits qui ensanglantent notre monde pour des causes idéologiques, ethniques ou religieuses. Elles éclatent parce que les gens n’ont pas la même couleur de peau ou la même religion. Nous ne sommes plus qu’une poignée de survivants et c’est à vous les enfants que je m’adresse maintenant. Lorsqu’on n’aime pas son voisin parce qu’il n’est pas tout à fait pareil à vous, cela s’appelle du racisme et c’est ce racisme qui a conduit à la déportation de millions de personnes innocentes. C’est au nom du racisme que les pires horreurs ont été commises. Tous les enfants du monde sont pareils à vous. Je compte sur vous pour que, quand nous ne serons plus là, nous qui avons connu les camps et qui pouvons certifier qu’ils ont bien existé, vous fassiez preuve de tolérance et que vous connaissiez le droit à la différence. Je me répète : ne vous laissez pas entrainer sur cette voie qui est celle du racisme et de la xénophobie c’est-à-dire de la haine de l’étranger car il conduit aux crimes les plus horribles. Acceptez d’être différents les uns des autres Nous vous faisons confiance. Vous êtes notre avenir. Ne nous décevez pas. Faites preuve de tolérance et de compréhension si vous voulez continuer à vivre dans un monde de paix. Vous vivez en France dans un pays démocratique, alors essayez de la protéger le plus longtemps possible. »
Esther, aujourd’hui par notre présence lors de cette cérémonie, nous tenons notre promesse : nous nous battrons toujours pour lutter contre la haine et l’antisémitisme. Nous nous battrons toujours pour que votre histoire ne tombe pas dans l’oubli et que jamais elle ne recommence.
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