
L'ARAMP a vécu des moments très émouvants le samedi 8 février 2025 dans la salle des fêtes de Marolles-les-Buis.
Nous partageons avec vous l'article de Stéphane Marchand paru dans l'Echo Républicain ainsi que les photos de Stéphane Marchand, Agnès Stiesz, Dominique Habert, Jules Govers que nous remercions.
" Le dernier des résistants à avoir armé le maquis de Plainville et libéré la ville de Nogent-le-Rotrou a été fait chevalier de la Légion d'honneur, samedi 8 février 2025.
Agé de 99 ans, Raymond Dutertre marche ainsi dans les pas de Gabriel Herbelin qui commanda le maquis, de Jean Renauldon, son second ou encore d'Yves Lefèvre.
Dernier résistant à porter l’histoire du maquis de Plainville, Raymond Dutertre a reçu à l’âge de 99 ans les insignes de chevalier de la légion d’honneur que lui a remis Pierre Colson. © stephane marchand
Il y a eu des croix de guerre, parfois avec étoile, des croix du combattant aussi, ou encore celles du combattant volontaire de la Résistance ainsi que des médailles militaires. Mais sur les 172 résistants du maquis à Plainville, peu ont été médaillés de la Légion d'honneur.
Dernier résistant et donc dernier témoin vivant de ce maquis dont la vie s’est organisée durant l’été 1944 à Marolles-les-Buis, Raymond Dutertre, âgé de 99 ans, a reçu samedi midi, les insignes de chevalier de la Légion d'honneur par Pierre Colson, ancien directeur départemental de l’Office national des anciens combattants et vice-président de l’association des anciens résistants et amis du maquis de Plainville (Aramp).
Toujours debout…
La cérémonie s’est tenue dans la salle polyvalente de Marolles-les-Buis, à quelques encablures de la “grotte” et du site historique du maquis de Plainville, en présence des anciens ministre et député François Huwart et Luc Lamirault, du préfet d’Eure-et-Loir Hervé Jonathan et du sous-préfet Claude Jeay, du sénateur Daniel Guéret, des représentants de la gendarmerie départementale et de la Sécurité civile.
C’est toujours avec l’humilité qui lui colle à la peau que Raymond Dutertre, qui coule désormais des jours paisibles dans sa maison de La Loupe, à s’occuper de son potager, s’est fait épingler au revers gauche de sa veste. Le béret vissé sur la tête, la veste impeccablement boutonnée, le petit doigt sur la couture du pantalon, il a encore une fois refusé la chaise qu’on lui tendait pour lui permettre de s’asseoir pendant que le préfet lui rendait hommage.
« Je n’ai pas fait ça pour tout ça »
Comme à l’occasion des différentes cérémonies qui ont marqué l’an passé le 80e anniversaire de la constitution du maquis de Plainville et de la libération de Nogent-le-Rotrou le 11 août 1944 par les maquisards, le jeune médaillé a confié en marge de la cérémonie son étonnement de recevoir autant d’honneurs. « Je n’ai pas fait ça pour tout ça, nous a-t-il confiés en évoquant son engagement dans la résistance, je n’ai fait que ce que je pensais être mon devoir ».
Son devoir, ça a été pendant les quelques mois passés au maquis de se « charger de faire la popote pour 170 hommes et de participer avec trois autres copains de Saint-Éliph à l’aménagement du maquis en construisant des cabanes en bois », comme l’a rappelé Pierre Colson au cours de son discours.
« Dans la Résistance, vous avez fait des étincelles… »
« Vous avez aussi participé aux actions clandestines, notamment pour des opérations de sabotage et la réception de parachutage », a poursuivi Pierre Colson. « Un coup de main vous a particulièrement marqué lorsqu’en accompagnant Jean Renauldon, vous détruisez une ligne téléphonique avec une charge incendiaire un peu forte, un véritable feu d’artifice pas vraiment discret… De ce jour, votre modestie et votre humilité ne pourront plus masquer que, dans la Résistance, vous avez fait des étincelles… »
Les anciens ministre et député François Huwart et Luc Lamirault, le sous-préfet Claude Jeay et le préfet d'Eure-et-Loir Hervé Jonathan, le maire Marolles-les-Buis Martial Lecomte, les représentants de la Sécurité civile et la gendarmerie départementale ainsi que le sénateur Daniel Guéret ont assisté à la cérémonie.
Raymond Dutertre n’en démord pas 80 ans plus tard et une épinglette rouge au revers : « Moi, j’ai été très surpris d’apprendre que j’allais être décoré. Au départ, j’ai même cru à un canular quand on m’a lu la lettre ».
On ne peut que souhaiter à ce héros qui s’ignore de continuer longtemps à faire vivre le devoir de mémoire en se rendant dans les collèges et les lycées raconter son histoire ou en accueillant les visiteurs au maquis les jours d’ouverture."
Par Stéphane Marchand de l'Echo républicain,
Publié le 10 février 2025 à 09h59,
Mis à jour le 10 février 2025 à 11h05.
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