
Raymond Dutertre, 99 ans,
dernier maquisard de Plainville,
a participé, il y a 80 ans,
à la libération de Nogent-le-Rotrou.
Ceci est un extrait d’une interview des archives départementales
d’Eure-et-Loir le 28 juin 2016
......
Laura - Et vous, avez-vous participé à la libération de Nogent-le-Rotrou?
Comme j’étais à la cuisine, ils ne savaient pas trop où me mettre et comme je n’ai pas retrouvé mon
2e groupe, je me suis retrouvé avec Herbelin, Renauldon, tous les chefs, une dizaine d’hommes.
Nous sommes partis de Champrond-en-Perchet, nous avons emprunté le chemin des Gouttes et nous sommes passés sur l’ancien champ de courses. Là nous avons aperçu un camion avec trois Allemands. Quelques coups de feu et voilà trois morts. Mais le bruit a mis en éveil des Allemands qui posaient des mines dans la descente de la rue de Sully en direction de Thiron-Gardais et ils ont vu l’homme d’un autre groupe qui descendait dans Nogent-le-Rotrou du côté de Margon.
Ils ont tiré dessus, l’homme s’est effondré et a dévalé la pente sous un tir nourri et continu.
Dans Nogent-le-Rotrou, il y a eu des escarmouches.
Dans l’après-midi, des Allemands sont venus à l’hôtel Goëthals pour négocier.
Je ne les ai pas vus car je montais la garde derrière les bâtiments. Il n’y a pas eu d’entente.
La nuit venue, les Allemands se sont retirés, les Résistants aussi. Il n’y avait plus personne dans
Nogent-le-Rotrou. Moi, je suis parti avec mon responsable de cuisine de retour à Nogent-le-Rotrou
et nous avons dormi près de la route de Châteaudun-Brou.
Le lendemain, nous sommes revenus à Nogent-le-Rotrou devant la statue de Paul Deschanel.
Nous attendions pour voir si quelque chose bougeait. Finalement, nous avons vu une jeep arriver.
Nous croyions que c’étaient les Américains mais c’était un Français de la division Leclerc : « Ne vous tourmentez pas, il n’y a pas d’Allemands entre Connerré et Nogent- le-Rotrou.
Ils sont à Connerré, ils ne vont pas bouger avant trois jours. »
Pendant trois jours à Nogent-le-Rotrou, il n’y avait que des Maquisards.
Puis des Allemands sont repassés par la rue Saint-Hilaire, venant d’Alençon, ils avaient mis des drapeaux français, dessiné des croix de Lorraine, camouflé leur véhicule sous des branchages. Nous voulions les arrêter pour savoir d’où ils venaient. Nous nous sommes aperçu que c’étaient des Allemands et non des Américains.
Laura – Que s’est-il passé pour vous le 23 Août?
Nous étions sur le côté de la mairie, couchés, nous étions un peu désœuvrés, nous attendions des ordres. Soudain on nous a demandé de nous préparer rapidement pour présenter les armes à un personnage important, sans nous révéler son identité. Nous nous sommes préparés rapidement et nous avons vu arriver, venant de la route d’Alençon, le Général de Gaulle.
Ce fut pour nous un honneur de le voir de près et de lui présenter les armes à son entrée et à la sortie de la mairie où il est resté environ une demi-heure.
Laura - Qu’avez-vous fait dans les jours qui ont suivi ?
Je me suis engagé pour la durée de la guerre.
Messages de Daniel Guéret, Sénateur les 5 & 6 Octobre 2024

80ème anniversaire de la Libération de Nogent-le-Rotrou : le très grand honneur de saluer et échanger avec Raymond Dutertre, âgé de 99 ans, qui est le dernier maquisard de Plainville.Sa lucidité sur la situation d'alors et sa modestie font de lui un grand homme. Merci, cher monsieur, pour notre échange. Et à demain!
Au Maquis de Plainville, haut lieu de la Résistance en Eure-et-Loir: doyen de la cérémonie, Raymond Dutertre, dernier maquisard, âgé de 99 ans, a veillé avec fierté sur le drapeau qui a défilé le 14 juillet 1944 au Maquis à l'occasion de la Fête Nationale.
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