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Aramp Maquis de Plainville

Le 11 Août 2024, Libération de Nogent-le-Rotrou (1)

Dernière mise à jour : 27 août

Article de Béatrice Poulin, journaliste à l’Echo Républicain, publié le 11 Août 2024, sous forme de huit anecdotes de la libération de Nogent-le-Rotrou

Article de Béatrice Poulin, journaliste à l’Echo Républicain, publié le 11 Août 2024, sous forme de huit anecdotes de la libération de Nogent-le-Rotrou

Les maquisards partis de Plainville le 9 août au soir viennent libérer Nogent le 11. Certains partiront avec la deuxième division blindée vers Paris, d'autres vers Chartres, d'autres descendront vers la Loire et certains rentreront chez eux.

Tout le monde les connaît ou presque. Et vous ? Voici huit anecdotes à l’occasion des 80 ans de la libération de Nogent-le-Rotrou.

L'arrivée des maquisards de Plainville, venus combattre les soldats allemands et libérer Nogent-le-Rotrou.

La fin de l’occupation dans la capitale du Perche, la première ville libérée d’Eure-et-Loir. C’était il y a 80 ans exactement, le 11 août 1944.


La ville est libérée par les résistants locaux

Le maquis de Plainville se constitue après le Débarquement sous l’égide de Gabriel Herbelin. Son objectif était de libérer Nogent-le-Rotrou par les forces intérieures de la Résistance avant l’arrivée des Alliés. Le samedi 12 août, les nogentais circulent dans une ville libérée, la première en Eure-et-Loir.

"Nous savons que Duroc (le nom de code de Gabriel Herbelin, NDLR) et ses hommes prendront Nogent-le-Rotrou avant l’arrivée des Américains. C’est un point d’honneur", écrit le docteur Boutron, chirurgien de la Résistance. "Ce combat a quelque chose d’unique […] C’est Nogent-le-Rotrou qui se bat, pour sa liberté. Ce sera Nogent-le-Rotrou qui sera libéré par lui-même."


Canadiens ou Belges ?

135 résistants partent le 9 août du maquis pour les bois du Perchet. Ils y font leur veillée d’arme avant de libérer Nogent.

Avant leur départ, un homme en uniforme canadien arrive au maquis "pour établir une liaison avec une action de parachutistes opérant à notre insu depuis une quinzaine de jours dans le secteur", écrit le résistant Jean Renauldon.

Ces hommes étaient en réalité des parachutistes belges se faisant passer pour des Canadiens et formés par des Anglais. La Belgique s’étant rendue, ses citoyens ne pouvaient pas officiellement s’opposer aux Allemands. Finalement, les maquisards se passent de cette aide pour la libération de Nogent.


Les blessés descendus dans les caves

De son côté, le docteur Boutron se prépare. "Dans notre petite ville, à moitié évacuée, on sent bien que cette semaine sera celle de la délivrance. C’est là le sentiment de ceux qui n’ont jamais perdu espoir et qui attendent “ça” depuis quatre ans", écrit-il. Il se fixe à l’hôpital, tout en prévoyant un plan de sortie si les Allemands débarquent. Quelques jours avant la Libération, six maquisards victimes d’un éclatement de grenade sont accueillis. "Tous ces jeunes hommes sont courageux et ce qu’ils regrettent, ce n’est pas leurs blessures mais l’incapacité dans laquelle ils vont se trouver de ne pouvoir participer aux combats du lendemain. "Ainsi, le jeune Jean Laporte enrage d’être immobilisé. "Quand la fusillade crépitera, nous ne pourrons l’empêcher de se lever et de courir d’un bout à l’autre de l’hôpital pour mieux suivre la lutte." 

Il part de l’hôpital le lendemain et trouve la mort quelques jours plus tard, dans une embuscade à Marboué. Suzanne, que l’ambulance vient chercher alors qu’il se retrouve blessé sur la route pour rejoindre le maquis dans un état d’énervement extrême, pleure d’être atteint avant l’ultime bataille. Le 11 août, les malades sont descendus dans les caves pour les protéger. Une salle est prévue dans le pavillon de chirurgie pour les blessés des combats.


Le drapeau français au château

Parmi les résistants venus libérer Nogent, quatre groupes se constituent. L’objectif d’un d'entre eux est de se rendre au château où flotte le drapeau allemand.

"Je me souviens qu’avant la fin de l’année scolaire 1944, une guérite en encorbellement avait été installée en haut du donjon du château par les Allemands. Elle est restée quelques mois. Un guetteur y était placé pour surveiller les horizons", relate Yves Brissard, président d’honneur de l’Association des anciens résistants et amis du maquis de Plainville. Les maquisards autour de leur chef, le capitaine Gabriel Herbelin qui tient dans ses mains le drapeau français réalisé en toile de parachute par des résistantes nogentaises.

Dans le groupe III, Émile Maquaire (la place qui jouxte le château porte désormais son nom)  « Quand les résistants arrivent, on leur dit qu’il ne faut pas bouger, qu’on va leur apporter un drapeau. Le drapeau tricolore provient de la maison située dans le coin de la rue, juste en face du château. Il est hissé en haut et remplace le drapeau allemand."

Après la Libération, une tradition subsiste pendant quelques années : celle de faire flotter un drapeau français en haut du château, le 11 août. Peu avant l’arrivée des maquisards, "des femmes confectionnent en hâte des drapeaux français et alliés qui n’attendront plus longtemps l’heure de leur déploiement", rapporte le docteur Boutron.

Quant au drapeau des maquisards, il flottera en haut de l’hôtel de ville le 12 août.


Une journée ponctuée de combats de rue

Quand les résistants arrivent, ils sont prévenus par un habitant qui se rend dans les jardins qu’un véhicule allemand se trouve un peu plus loin. Les maquisards ouvrent le feu, bénéficiant de l’effet de surprise, et les soldats meurent.

Les premiers coups de feu résonnent vers 9 heures. Les groupes se séparent, les résistants installent leur quartier général à l’hôtel Goëthals, rue Gouverneur. Une fois le drapeau français installé en haut du château vers midi, cela déclenche un mouvement de la part des Allemands. Visite du général de Gaulle, après la libération de Nogent, le 23 août 1944.

Un autre groupe doit s’assurer du carrefour entre les rues Doulay, Villette, Gâté et Saint-Hilaire. Robert Fronteix, un résistant, y est blessé et bascule dans la pente de la rue. Les Allemands vont s’acharner sur lui, “on retrouvera plus de trente impacts sur son corps”.

Son camarade Joseph Le Berre se trouve à ses côtés mais n’a pas été touché. Un tank surgit rue de Sully et tire, atteignant les Magasin réunis (ancien Leader Price). Les combats se poursuivent tout au long de la journée jusqu’au soir et la retraite des Allemands.


Des soldats d’élite allemands stationnés dans la ville

Si le vendredi 11 août 1944, il ne restait que des troupes allemandes disparates, une division d’élite stationnait à Nogent-le-Rotrou avant le Débarquement: la Panzer lehr.   

Elle était composée de plus de 10.000 soldats.


Un lendemain confus

Les combats sont acharnés toute la journée du vendredi 11 août. La retraite des Allemands est annoncée et se confirme le lendemain. Une cinquantaine de personnes sont blessées dans les opérations de nettoyage.

Le 12 août, un véhicule allemand traverse la ville sans être arrêté. Au moindre bruit suspect, les drapeaux tricolores sont rangés des balcons et des fenêtres.


Le comité de libération remplace le conseil municipal

Le maire et le sous-préfet quittent leurs fonctions dans la foulée de la Libération. Avant de nouvelles élections, un comité de libération est constitué pour gérer la ville.

Gabriel Herbelin en fait partie, il est notamment chargé de ravitailler les habitants, de ramasser les armes…


La commémoration du 80e anniversaire de la libération de la ville est célébrée ce dimanche

11 août, à 10h20, place de la République. Après la cérémonie, une délégation déposera des gerbes, à 10h45, sur les plaques scellées, rue Gouverneur, rue Saint-Lazare, rue Saint-Laurent et au cimetière.


A retenir

La Ville de Nogent-le-Rotrou fêtera aussi sa libération du 4 au 6 octobre, le 5 octobre étant la date anniversaire à laquelle la place du Foirail est devenue la place du 11 Août.                  

Sur cette place, sera inaugurée une stèle en l’honneur des maquisards de Plainville fabriquée par la sculptrice Claude Céhès. Une exposition, pour laquelle la Ville recherche des objets, sera également organisée ainsi qu’un bal et un défilé de véhicules militaires.



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